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Contes voyages & autres / Tales travels & stuff


Gitane, une histoire du voyage

Publié par Anna Schimchowna sur 13 Septembre 2017, 13:46pm

Catégories : #Histoires

Gitane, une histoire du voyage

À leurs premiers pas, l'homme et la femme étaient nomades dans l'âme. Une curiosité intérieure qui les rendait avides d'extérieur. Et puis l'homme commença à posséder, et avec la possession vint l'attachement. Alors l'homme eut besoin d'un endroit où garder ses frusques, l'homme eut besoin d'un foyer.

La femme porte un foyer en son sein, mais elle avait besoin de l'homme, alors elle fit semblant de s'attacher à ce qui brille et tourna sa curiosité vers le petit bout de terre que, désormais, elle habitait. Hantée par le souvenir du voyage, elle apprend à se laisser porter par celui des saisons et des cycles lunaires. 

Baptisée Gitane par sa mère, la première à répondre à l'appel de la route depuis des centaines de printemps eut une enfance solitaire. Assise aux pieds d'un arbre, elle écoutait les oiseaux parler entre eux. Certains décrivaient des paysages que Gitane n'avait jamais vus mais qu'elle imaginait avec délectation. 

Le langage alors, s'il exprimait l'essentiel, faillissait face à l'extraordinaire. Pour cela Gitane partit sans dire au revoir le lendemain de son rituel d'initiation. Dans la forêt avec trois autres filles qui avaient saigné elles aussi depuis la dernière pleine lune, hypnotisée par les étoiles et les bruits, elle put embrasser sa soif de voyage. Et comme personne ne comprendrait les risques qu'elle était prête à prendre, elle n'essaye pas de s'expliquer.

Son instinct intact elle marcha, contempla, aima. Personne n'envie quelqu'un qui ne possède rien. Elle eut des filles qui marchèrent avec elle et mourut comblée de tous ces arbres, de tous ces horizons, de tous ces chants, de tous ces visages. Ses filles eurent des fils et des filles qui s'installèrent, des filles qui convainquirent des hommes de voyager avec elles et des filles qui continuèrent à marcher seules. 

Aujourd'hui, des millions de printemps plus tard, les descendants de Gitane provoquent fascination et crainte, comme tout ce que l'on ne comprend pas. Aux yeux de beaucoup le voyage a perdu son sens, la route sa magie. Mais à qui veut bien l'entendre, Gitane chante toujours sa chanson 

J'ai été chef d'orchestre, pirate, princesse et pute. J'ai pris des coups et j'en ai donné. J'ai aimé pleuré crié. J'ai compris. J'ai voulu prié créé. J'ai perdu. J'ai marché sans savoir et j'ai marché ne conscience. J'ai cru en Odin Osiris et Aphrodite. J'ai cru en Hunab Ku et en la Pacha Mama. J'ai cru en Dieu Allah et Tara. J'ai cru aux autres. J'ai été sorcière et nonne, vespale et sacrifice, docteur et forgeron.

Je suis le voyage : ce qui nous pousse à aller découvrir que la nature profonde de l'être humain est une et indivisible. Peu importe le nom qu'on leur donne, nous croyons aux mêmes choses.

J'ai résisté à la vie et à la mort, j'ai accepté le changement et sa fatalité. J'ai eu soif de guerre et faim de paix, j'ai eu soif de chaire et faim d'intimité. J'ai joui et j'ai souffert, j'ai oublié et puis je me suis rappelée. J'ai eu des palais et des rizières, j'ai eu des corps, j'ai eu des âmes. J'ai cherché des réponses dans le ciel et dans la terre, dans le feu, le tonnerre, l'air, dans le vide, dans la lumière, dans l'univers. J'ai trouvé des réponses à l'intérieur de moi-même. 

Je suis le voyage : ce qui nous pousse à aller découvrir que la nature profonde de l'être humain est une et indivisible. Peu importe le nom qu'on leur donne, nous voulons les mêmes choses.

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