Coup de gueule #1

Je suis une vagabonde. Et il n'a pas encore été prouvé que ce soit par laxisme.

Je suis une anarchiste. Et il n'a pas encore été prouvé que ce soit inutile.

Je suis une punk. Et il n'a pas encore été prouvé que ça ne puisse pas être un plan de carrière.

Mon âme sœur, un sculpteur répondant au doux nom d'Anthony, veut taper un grand coup sur la table, mettre un coup de pied dans le sable, faire voler en éclats les croyances qui nous cloisonnent et les certitudes qui nous asservissent. Le temps de la masturbation intellectuelle est fini. L'hégémonie de la science n'a pas complétement tué, dans les artistes survivants, la capacité de voir de l'intentionnalité là où il n'y en a empiriquement pas. La lumière de leurs microscopes ne peut pas éclairer certains coins de mystères, ni certaines ombres de fantasmagorie. On peut encore, au XXIe siècle - qui nous en empêchera ? -, nous figurer Iris, messagère d'Héra, dans un arc-en-ciel.

Il y a cent ans, Auguste Rodin disait à Paul Gsell :

" (...) aujourd'hui l'humanité croit pouvoir se passer d'art. Elle ne veut plus méditer, contempler, rêver : elle veut jouir physiquement. Les hautes et les profondes vérités lui sont indifférentes : il lui suffit de contenter ses appétits corporels. L'humanité présente est bestiale : elle n'a que faire des artistes."

S'il disait vrai de l'humanité de son époque, que dire de celle de maintenant ? Gavée d'OGM, d'anti vomitifs et d'antibiotiques, aseptisée au point de devenir malade pour rien, lassée par l'injustice au point de ne plus s'en préoccuper, motivée par l'intérêt personnel, fascinée par la richesse et le pouvoir, à la fois prude et dégueulasse, l'humanité est passée de bestiale à monstrueuse. Son pire défaut est qu'on a réussi à la persuader de son mauvais fond naturel. A grands coups de haine, l'homme, être social, est aujourd'hui méfiant, égoïste et sadique. Le climat idéal pour profiter de la masse, lui vendre du rêve et ne lui livrer au mieux que des cauchemars, lui enlever ses responsabilités et lui faire croire qu'elle est libre. Notre révolte ne soulèvera pas cette masse contre sa volonté. Mais notre révolte est accompagnée de la colère d'Eole et ira réveiller Ajax, porteur du monde, pour qu'il le fasse tourner dans le bon sens.

Objecteurs de conscience, esthètes, utopistes, pacifistes, anarchistes, anticonformistes, rêveurs, altruistes, provocateurs de tous bords, épicuriens, hédonistes, cyniques, tous ceux qui, d'une façon ou d'une autre, évitent d'emprunter les sentiers battus : le monde nous appartient.

Laissons aux autres leurs fortunes virtuelles, leurs lois qui ne veulent rien dire, leurs frontières, leur économie de marché, leur plastique, leur pop culture, leurs terres tellement pesticidées qu'elles ne produisent plus rien de bon depuis longtemps, leurs démocraties régies par l'intérêt.

Habitante de la planète terre, observatrice contemplative et conteuse, à l'occasion, je n'obéis qu'à ma conscience, je ne reconnais que le jugement de mon sens de la responsabilité. Tremblez si vous tenez à avoir peur ou accueillez la nouvelle ère les bras ouverts. Le temps du confort et de l'abondance est fini. Place au sens, à la frugalité, à la spiritualité.

Comments

[Guichard]

Tout cela est si vrai ! Et très bien écrit ! Bravo !