Stories for birds

Stories for birds

Contes voyages & autres / Tales travels & stuff


Coup de gueule #2

Publié par Anna Schimchowna sur 22 Octobre 2015, 11:47am

Catégories : #Autre

Coup de gueule #2

Un petit mot sur l'espoir. A me lire, vous pourriez être tentés de croire que je suis complétement désespérée. Désespérée, je le suis, mais pas complétement.

J'ai récemment découvert Le blog d'un odieux connard (http://unodieuxconnard.com/). Son regard totalement désabusé, sa plume acerbe et sa mauvaise foi font partie de ces petites choses qui me donnent de l'espoir, comprenez que je me sens moins seule. Entre autres choses, il "spoile" les blockbusters américains, un peu comme ma tata Marylis, en racontant tout de A à Z. Il ressort de tout cela beaucoup d'ineptie, et la preuve qu'il n'y a pas besoin de bonne histoire pour mobiliser du fric, des mecs, du matos et en faire des films. Mr Odieux Connard (il aime bien qu'on l'appelle comme ça, et qu'on le vouvoie, mais en fait il est super sympa) pose de bonnes questions (est-ce que les singes qui ont tapé le scénario ont été correctement rémunérés ? mais il n'a pas bien fait ses recherches. Hollywood a développé un logiciel qui pond des scénarios avec 4 mots clés. Le truc était pas trop au point mais ils l'ont testé, ça a marché, ils se sont demandés "pourquoi se faire chier ?", et voilà. C'était en 1999.), il est piquant, catégorique et très drôle. Aujourd'hui, dans les commentaires, plus grand monde n'essaye de défendre les films qu'il descend, mais il fut un temps où ça bataillait sévère. Et j'ai donc lu quelques phrases de ce genre : "Mais on s'en fout que l'histoire ne tienne pas debout et/ou qu'elle soit nulle ! On nous vend du rêve !". Et là, ô rage, ô désespoir, j'ai de nouveau envie de faire cramer des trucs. Moi, quand j'ai envie de rêver, je ferme les yeux. Rien ne me fais rêver comme une bonne histoire bien racontée. J'ai de la chance, j'aime bien les histoires que je me raconte, et j'ai tendance à détester qu'on me prenne pour une conne quand on m'en raconte une. Bref, Hollywood ne vend pas du rêve, c'est une machine à tuer notre imagination. Nous voilà bien divertis (et bien nourris... "Du pain et des jeux", preuve que si l'humanité a évolué... ben en fait non. Tout ce qui a changé c'est qu'aujourd'hui on mange de la merde à tous les étages).

Oui, c'est bien ça... je voulais parler d'espoir. Ce n'est pas parce que mes histoires se finissent "mal" que je suis forcément pessimiste. Je suis persuadée que le capitalisme finit (optimisme) mal. Seulement, qu'est-ce qui vient après ? Là, faute d'espoir, j'ai des doutes. Il se pourrait que ce soit pire. Et un éventuel mieux, comment ça s'organise ? J'ai beaucoup d'idées mais pas de réponses. Quant au Mythe d'INTERNET, rappelez-vous celui des amoureux qui ne peuvent être ensemble et s'unissent dans la mort. C'est tragique, peut-être, mais moins que de vivre séparés, non ?

Et puis, aussi, ce n'est pas parce qu'on est plein de contradictions que tout s'annule. Non. Le monde change. Le monde a toujours été en train de changer. Il paraîtrait qu'Internet facilite la communication. Il me semble, à moi, que ça l'annihile. Mais c'est mon petit côté réactionnaire, et mon incroyable capacité à voir tout en noir. Quand je vois des gamins qui ne se parlent pas parce qu'ils sont trop occupés à faire dieu sait quoi sur leurs smartphones, ça me rend triste. Quand je vois des gens qui se prennent en photo devant des monuments sans même y avoir jeté un coup d'œil, je me demande quand on nous proposera des tours du monde sans avoir à bouger de son canapé. Mais dans un bon jour, je me rappelle qu'Internet est un outil relativement jeune, que l'on en est encore à la phase d'expérimentation, et qu'il m'est toujours possible de déménager avec ma bibliothèque au fond d'une grotte.

Autre exemple. J'ai signé mon premier CDI à 19 ans. Je bossais 70 heures par semaine dans une brasserie parisienne où j'étais la seule à avoir moins de 35 ans. J'alimentais allégrement la rumeur qui veut que nous soyons foutus parce que les jeunes ne veulent plus travailler. J'étais fière parce que MOI je n'avais pas peur de me lever le matin ou de me salir les mains. Je n'ai pas changé du jour au lendemain, ça a été long, des fois douloureux, mais j'ai fini par arrêter. L'esclavage moderne, le masochisme. Que le travail aie de la valeur, j'en conviens. J'ai énormément de respect pour les honnêtes travailleurs. Mais je comprends très bien les jeunes qui ne veulent pas travailler. Parce que souvent, ça n'a pas de sens. Et si on a longtemps pu nous le faire avaler en tirant sur de grosses ficelles comme la peur ou l'appât du gain, les jeunes ne le gobent plus. Ma génération a dû y réfléchir, mais les jeunes le savent d'instinct. Le sens du travail dans un système capitaliste, c'est de rapporter du fric aux détenteurs de capitaux. Et depuis que j'ai arrêté de travailler comme une acharnée, j'ai arrêté de consommer comme une débile. J'ai un toit, je mange à ma faim et je voyage. L'essentiel. Si les générations futures mettent leur "feignasserie" à profit pour arrêter d'acheter tout et n'importe quoi, les hommes n'auront peut-être pas besoin de déménager sur Mars pour survivre.

Vous voyez, je ne suis pas complétement désespérée.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents